Pour m'éviter les répétitions dans mes mails, voici les liens qui répondent à l'éternelle question du "COMMENT ON FAIT SAGEUUUH-FEMMEUUUH?"

samedi 30 juin 2018

Une bonne grosse moitié de faite

Depuis que je suis rentrée à l'école de sages-femmes, fin juin est la période du bilan sur mes études, parce que
- d'une part, c'est l'heure d'actualiser frénétiquement l'ENT avec l'arrêt cardiaque de quand je vois que les résultats sont affichés et que j'en louche sur la page tellement je panique à l'idée de devoir passer aux rattrapages
- d'autre part, c'est le gala des nouvelles diplômées (et plus je grandis dans l'école, plus les nouvelles diplômées sont des élèves que j'ai vu évoluer, des élèves que je considérais comme des "grandes", et que quand je me retrouve à leur place je m'aperçois que j'en mène vraiment pas large !) (Si j'avais eu ma PACES primante, à l'heure où j'écris ces lignes, j'aurais été diplômée) (Et je m'imagine absolument pas diplômée tout de suite maintenant)

C'est le bilan des 2 ans.

Il y a 2 ans, en 2016, j'étais à la fin de ma Ma2, et accessoirement enceinte jusqu'aux dents. J'étais finalement allée jusqu'au neuvième mois de grossesse en concluant le tout par des partiels (et un rattrapage, pour 0.5 points, parce que le jury semblait avoir oublié que j'allais devoir passer le rattrapage avec un être humain de 3 semaines à gérer sur fond de périnée digne d'un paysage de bagdad).

La pression sociétale et scolaire, et les hormones de fin de grossesse qui m'ont enlevé tout stress comme si j'avais fumé 14 pétards m'avaient laissé me dire que "Quand même, je vais peut être essayer de faire ma Ma3 en un an, je rattraperai mon stage que je peux pas faire cet été pendant les vacances, j'aurai pas de vacances tant pis".
C'était la douche froide quand l'école m'a dit à l'aube de la rentrée en Ma3 que je n'aurai pas le choix que de la faire en 2 ans. Je me sentais nulle de "redoubler" même si ce n'était pas vraiment le cas, j'avais l'impression de faillir dans le rôle d'étudiante wondermaman intouchable, l'impression de donner raison à ceux qui avaient pu dire "Autant qu'elle arrête ses études tout de suite".

J'avais juste pas capté que quand t'étais une jeune maman allaitante, t'étais claquée. Que t'étais encore plus claquée quand tu recevais des visites tous les jours, et que ton bébé était réveillé toutes les nuits. Que reprendre l'école en emmenant son bébé c'était un parcours du combattant dans le tram. Que mon chéri allait être vraiment très beaucoup pris par les ECN. Que ma fille allait faire un mois de réanimation et qu'on ne dormirait pas avant le printemps d'après. 
Et que bordel, j'avais de comptes à rendre à personne, j'étais sa maman, je perdais un an scolairement non pas par des manques de résultats scolaires mais pour gagner deux ans avec elle. Un mi-temps desperate housewife - élève sage femme dans sa blouse trop grande et sa queue de cheval douteuse de fin de garde.

J'en arrive à cette fin de mi temps. J'ai validé tous mes partiels comme une grande fifille que je suis, même si ma petite fifillle avait la bonne idée de me faire un combo chiassou-gerboulade chaque semaine de révisions.
Je suis allée en stage, et j'ai eu deux ans pour progresser dans mes gestes cliniques tout en mûrissant au fur et à mesure, et ça je l'ai ressenti dans mes relations avec les sages-femmes et les patientes. J'ai senti l'adrénaline des salles de naissances quand la tête du bébé pousse fort sur mes mains, j'ai appris à une maman malentendante les bases de l'allaitement en écrivant tout et mimant pendant les suites de couches, j'ai découvert la charge mentale des sages-femmes libérale et fait des sketchs de préparation à la naissance, j'ai vu défiler des patientes et autant de foetus précieux à surveiller en 20min chrono pendant des journées entières en consultation, j'ai montré le visage de leur petite soeur à deux grandes filles sous le regard de leurs parents en échographie... et tous les soirs j'enchaînais sur mon rôle de maman.

J'ai pris 2 ans au ralenti pour grandir en tant que sage-femme, mais j'ai grandi en tant que femme plus que ce que j'aurai pu apprendre si j'avais fait ces stages sans avoir mon ressenti de mère, et j'ai appris à apprécier le temps passé en tant que maman, le temps passé en tant qu'étudiante, car quand je bois mon verre à 1h du matin, je sais que je dois en profiter, car une demoiselle n'oubliera pas de me réveiller à 7h le lendemain matin !

D'ici 2 mois, je reprendrai en 4ème année.

Dans 2 ans, si tout se passe bien, je serai diplômée. Et ce bilan du mois de juin sera le plus beau de tous, je pourrai raconter à ma fille qui aura 4 ans tout ce par quoi on est passées !

jeudi 17 mai 2018

Le petit sous X de la salle du fond

Décembre 2017

J’étais posée, en ce lendemain de repas inter-promo au restaurant (oui, on entretient notre amour sisternel en se faisant des bouffes au restaurant à l’approche de Noël), devant la télévision, en robe de chambre, sous un plaid, du chocolat à la main (vous remarquerez à quel point mon rythme est intensif en cette deuxième L3) (en même temps, les soirées étudiantes, c’est plus de mon âge).

D’habitude, quand je suis en mode schlag devant la télé, je me révise les bases de la culture française : quoi de mieux qu’un tellement vrai/c’est ma vie/sans tabou pour se vider la tête ? Mais un reportage avait attiré mon attention : « Renaître ». C’est un reportage qui concerne les enfants nés sous X ou placés suite à des jugements, dans une pouponnière. Oui, j’aime me doper le moral les lendemains de soirée.

https://tv-programme.com/renaitre_documentaire/
Le p'tit lien du reportage, si le coeur et les mouchoirs vous en dit

C’est un reportage fait par les producteurs de baby-boom, émission que j’ai de plus en plus de mal à regarder car elle banalise l’hypermédicalisation et la dépendance des patientes au corps médical, alors que bon sang, elles savent faire ! Empowerment ma gueule ! (Je réalise que j’ai écrit une phrase très très snob mais quand la physio féministe qui est en moi se réveille, je sors tout de suite les grands mots).

Alors du coup, je lance mon petit replay, présentation de la pouponnière, émotion qui prend aux tripes parce que je ne suis que sensibilité, déjà les larmes aux yeux, mais au bout d’à peine 5 minutes, il y a un combo phrase de la voix off + images qui m’a achevé.

« Ces enfants abandonné dont les parents n’ont pas voulu »
La façon dont on a présenté les choses, dans le jugement des couples/mères qui ont eu recours à l’accouchement sous X m’a mis hors de moi. Et les images d’une sage-femme à la maternité qui doit choisir le prénom de la petite née sous X m’ont ramené à mon stage précédent.


Cette garde avait été très lourde émotionnellement. J’ai encore en tête la voix tremblante de la sage-femme, et ce tourbillon dans ma tête quand je suis allée me changer au vestiaire. Comme on m’avait prévenue, c’était une de ces gardes où je sortais « entamée », où le vécu en stage ne resterait pas sur place, où en rentrant chez moi je continuerai à y penser.

C'était 11h, j'étais déjà prise dans le rythme de la garde, en train de changer la perfusion d'une des patientes quand ma sage-femme référente est venue me dire discrètement "On va acceuillir une autre patiente dans la salle d'à côté, c'est un sous X".

Je n'avais encore jamais été confrontée à ce type d'accouchement. Ces situations sont bien plus courantes que l'on ne croit, même si à chaque fois que j'évoque un sous X j'ai droit à une tête horrifiée de mon interlocuteur. A l'école, grâce à l'option "Grossesse et risque psychosocial", j'avais quelques vagues idées des procédures de ces naissances:

- Cette pratique est rare en occident, c'est en République Tchèque, en Italie, au Luxembourg et en France que la loi permet aux femmes d'accoucher sous X. Au passage, on dira plus facilement "accoucher sous le secret".

- En 2010, environ 700 femmes ont accouché sous le secret en France.

- Cela touche majoritairement des femmes en situation psychosociale difficile (3/4 n'ont pas leur indépendance économique), mais cela touche quand même des femmes de tous horizons (16% ont plus de 35 ans, 24% ont un emploi stable).

- Quand les femmes font leur suivi à la maternité, si suivi il y a, on crée un dossier anonymisé avec un nom et prénom inventé. Aucun soignant ne connaîtra l'identité de la patiente. Le jour de son accouchement, elle se présentera avec son nom et prénom anonymes. La patiente accouchera, sera hospitalisée dans un service de maternité type gynécologie, tandis que son bébé ira en nurserie (à l'unité kangourou). Elle aura droit d'aller voir son bébé autant qu'elle le voudra tant qu'elle restera hospitalisée, mais dès que sa sortie de l'hôpital sera faite elle ne pourra plus.

- La mère a le droit de donner des prénoms à son bébé, et d'écrire un pli cacheté qui lui sera remis à sa demande à sa majorité. Les parents possèdent également un délai de rétractation de deux mois (14% des mères reprennent leur enfant).

- Les mères de naissance peuvent indiquer dans le dossier destiné à l’enfant les raisons qui ont motivé leur décision. L’absence du père biologique ou son comportement sont les plus fréquentes (43 %). Puis, par ordre décroissant, les difficultés financières, un âge trop jeune, la crainte du rejet familial, des traumatismes récents ou anciens. A toutes ces difficultés, s’ajoute une découverte trop tardive de la grossesse : plus de huit femmes sur dix n’ont pris conscience de leur état qu’après la fin du délai légal pour une IVG en France.

- J'ai vu le côté bébé lors de mes stages en suites de couches, ils ont souvent une puéricultrice/auxiliaire de puériculture de référence et sont aimés de tout coeur. Ce sont des bébés souvent très discrets, et très choyés par le personnel soignant. Au bout d'une semaine, ils seront transférés dans une maison pour enfants pour un délai de deux mois, délai après lequel ils seront pupilles de l'état et confiés à l'adoption.

Source: http://www.revue-population.fr/articles/2011-1-les-femmes-qui-accouchent-sous-le-secret-en-france-2007-2009/

En attendant que les portes automatiques s'ouvrent sur la salle où ce fameux "sous X" allait naitre, j'ai respiré un grand coup et me suis fait la promesse de traiter cette mère comme toutes les autres. 

C'était une jeune femme, peut-être à peine plus âgée que moi, dont l'amoureux aux allures encore adolescentes et aux traits si doux lui tenait la main. Elle gérait la douleur de ses contractions comme une chef ! Je me suis brièvement présentée, et j'ai assisté la pose de péridurale. J'attendais qu'elle soit soulagée pour parler plus avec elle, au début, juste des regards et quelques gestes suffisent à lui montrer que si elle le souhaite, elle peut me faire confiance.

La parole s'est vite déliée. Entre le récit d'une bagarre de rue et celui de la découverte fortruite de sa grossesse au planning familial "parce qu'il me semblait bien que je sentais quelque chose bouger", de sa bienveillance envers son enfant à naître car "j'ai arrêté la cocaïne, c'est pas bon pour elle, j'ai juste fumé du shit, vous pensez qu'à cause de ça elle va souffrir ?", elle me posait les mêmes questions que toutes les autres patientes. Et si elle n'allait pas savoir pousser ? "Je vous promets que vous y arriverez, si vous voulez, on s'entraînera un peu avant".

J'ai appris en quelques heures à connaître son histoire, j'ai écouté ses anecdotes parfois si cruelles sur la vie en mesurant la chance que j'avais, j'ai entendu ses quelques questions sur "qu'est ce qu'il va se passer pour ma petite fille", j'ai admiré cette force mentale qu'elle avait en elle qu'on ne devinait pas à première vue devant sa manière innocente de décrire les choses.

Elle a bien sûr merveilleusement poussé, et donné naissance à sa fille. On en avait parlé avant, j'ai posé son bébé sur son ventre. C'était une naissance joyeuse, avec des parents heureux, des petits cris de joie comme quand "tout se passe bien". Je pense que la sage-femme et moi avons oublié quelques minutes comment ça allait se passer pour la suite, car dans l'instant présent, nous n'avions que deux parents heureux sous les yeux, une mère qui allait bien, et une petite fille avec un bonnet jaune qui tétait vigoureusement ses doigts comme tout nouveau-né en pleine forme.

Ils ont donné le biberon à leur fille, ils ont ri aux éclats quand elle a maladroitement fait ses premiers pas de marche réflexe, et parlaient librement de pour la suite, "quand vous la prendrez pour l'emmener à la pouponnière". On a choisi le prénom, avec la sage-femme, sous la demande des parents. Grosse responsabilité que de nommer un nouveau-né qu'on vient de rencontrer et dont la vie lui a déjà prévu quelques mois difficiles !

J'ai vu dans les yeux de cette femme tout l'amour que je vois dans les yeux des autres. Elle était mère, elle l'était déjà quand sa fille était dans son ventre, elle l'était à l'instant présent quand sa fille était sur son ventre, et elle le serait toute sa vie, même si j'ai appris plus tard qu'elle n'aura plus pris sa fille sur son ventre car elle aura quitté la maternité le soir-même.

L'auxiliaire de puériculture est venue pour récupérer la petite et l'emmener à l'unité kangourou. Les parents ont embrassé leur petite puce, et la maman me l'a tendue, sans hésiter. Elle avait toujours ce visage innocent, le ton doux quand elle m'a dit "Prenez-la, mais attention je crois que son bonnet glisse". En récupérant le bébé, j'ai vu comme un voile sombre se former dans les yeux de la maman, un voile que même son sourire ne pouvait pas cacher.

Le bébé est parti à l'étage.
J'ai aidé la maman à se réinstaller, se rhabiller. Elle a gardé le sourire, mais surtout, son armure, l'armure que lui avait créé la vie d'après tout ce qu'elle m'avait raconté, et sans doute d'après tout ce qu'elle ne m'avait pas raconté.

Ca aurait pu être cette petite fille, dans le reportage, cette petite fille entrant dans la catégorie de « Ces enfants abandonné dont les parents n’ont pas voulu »
Cette petite fille a eu tout l'amour que sa mère pouvait lui donner pendant 2 heures en salle de naissance, et surtout, l'amour de lui offrir une vie avec des parents qui "ne vont pas la mettre à la rue comme mes parents, vous savez, je vais arrêter mes conneries, trouver du boulot, je sais pas moi, faire du ménage, mais elle, elle fera des études"

Et je n'en ai aucun doute, car cette petite aura tout le courage que sa mère aura pu lui insuffler en 9 mois, et 2 heures.

mardi 5 décembre 2017

La deuxième L3

C'était prévu depuis plus d'un an, quand en allant passer mon rattrapage de L2 en août 2016, alors que ma puce avait 3 semaines et que je sentais que j'allais exploser mammairement parlant (ô joie de l'allaitement), j'ai fait un petit détour par le bureau de la directrice de l'école et des formatrices. Après un petit débriefing sur mon accouchement, dans toute ma plénitude de jeune maman surexcitée par son manque total de sommeil, on a parlé de l'après, de la suite de ma formation.

Quand j'étais enceinte au cours de ma L2, j'ai eu ce besoin de tout organiser telle une wonderwoman, (ou dans mon vocabulaire à moi: une nazie de l'organisation) j'avais un embryon de quelques centimètres dans le ventre dont la liste de naissance était déjà préparée et la place en crèche déja demandée. Dans toute ma naïveté de nullipare, je ne connaissais pas la sacro-sainte phrase "On ne maîtrise rien dans la maternité".
Et j'avais du mal à accepter le fait de ne rien maîtriser, je savais seulement que j'allais accoucher en juillet, et je ne connaissais pas les ressources énergétiques (enfin, le manque de ressources) que j'allais avoir pour enchaîner sur la L3.

J'ai fini l'année de L2 par des partiels, et mon congé maternité commençait à 37 semaines bien tassées. Tout était prêt pour acceuillir ma progéniture, le seul flou dans l'histoire c'était comment j'allais m'organiser pour la L3 en sachant que j'allais avoir un stage de retard. Avec le recul, je rigole en m'imaginant avoir tout de même fait mon stage en salles de naissances alors que je pouvais accoucher d'une minute à l'autre.

Une petite illustration de moi en juillet 2016 (oui, je suis au milieu)


Il a donc été décidé que mon année de L3 serait scindée en 2:
- 2016-2017 j'allais passer les partiels en compagnie de ma chère et tendre promo et rattraper mon stage de L2
- 2017-2018 j'allais faire les stages de L3, et passer les épreuves cliniques

La première année de vie de ma fille - et donc ma première année de L3 - reste floue dans mon esprit. Je sais juste que j'ai validé les partiels, et je ne sais par quel miracle, sur fond de fatigue-gastro entérite-dépression post partum-soirées avec un bébé qui hurlait dans les bras et ne dormait pas la nuit-amoureux qui passait les ECN. En gros: c'était la JOIE. J'étais un contraceptif humain et je disais NE FAITES JAMAIS D'ENFANT PENDANT LES ETUDES. Clairement, je faisais pas partie de la catégorie des mamans super épanouies qui disent que c'est QUE DU BONHEUR.

Voilà une petite Audrey au cours de l'année scolaire 2016-2017


Et puis dans vos cours de peusycologie que vous avez à l'école de sages-femmes ou ailleurs, vous apprenez qu'autour des 1 an du bébé la préoccupation maternelle primaire (le fait que tes pensées ne tournent qu'autour de ta progéniture) se met en veille, pour ne se rallumer que quand l'intégrité de cette même progéniture est menacée (en gros, quand ton enfant est en train de gerbouler partout avec 39° de fièvre, que tu sais que ça va passer, mais que t'es en panique prête à aller encombrer les urgences pour rien).

Je l'ai clairement senti ce cap. J'ai senti ce besoin de m'investir dans ma passion de toujours, j'ai senti le retour de la flamme pour le métier de sage-femme, même si elle ne s'était jamais vraiment éteinte. Je me suis peu à peu décentrée de mes intérets de maman pour retrouver une part des mes combats, la défense du droit des femmes, la reconnaissance du métier de sage-femme.

J'étais avide de lecture, peu avant la rentrée j'ai dégommé le rayon "Psychologie de la parentalité", comme pour poser des mots sur cet état par lequel j'étais passée l'an passée, et pour prendre conscience que non, je n'étais pas schizophrène, que oui, devenir mère ça nous rend proche de la folie tellement c'est ambivalent parfois.

Et plusieurs de mes copines (coucou Géraldine) (coucou Camille) (oui, je suis bizarre comme fille mais en vrai j'ai des copines) m'ont conseillée ce livre de Martin Winckler.
Elles ont tapé dans le mille.

Ce livre, c'est le carrefour de toutes mes convictions. Le respect de la patiente, la vie du soignant, la femme dans toute sa splendeur.

Je ne pensais pas avoir une pratique qui ne respectait pas la pudeur de mes patientes, mais il m'a enseigné que je pouvais mieux faire, et comment écouter les patientes.
Je le conseille à tous les soignants !


La rentrée est passée, je faisais plus ou moins acte de présence en cours dans le sens
où je les ai déjà validé,
où j'avais pas fait le deuil de mon ancienne promo,
où je connaissais pas grand monde dans la nouvelle (et que merde, je suis vieille moi la mamie de 1995),
où je préférais piquer les cours de 4ème année à mes copines pour m'avancer (parce que l'année prochaine, il faudra faire et les cours et les stages à la suite sur fond de journées de cours complètes sans pause, en sachant qu'à 17h je récupère un gremlins qui me laisse moyennement travailler, autant prendre de l'avance). Avez-vous déjà tenté de réviser de la gynécologie avec un être humain de 80cm sur vos genoux qui mange un par un vos stabilos et vous pète dessus ?


Petit résumé de ma présence en cours en cette deuxième L3
En vrai, je viens aux TD


Pis y'a eu le WEI, week-end d'intégration pour les novices-bizuths. Y'a pas que les L2 qu'on a intégré, au final c'est moi qui ai appris à connaître ma nouvelle promo. Bon, je suis pas asociale, mais faire des kilomètres sous la pluie à faire faire des gages débiles et à tripoter du poisson pourri (oui oui, un jour de WEI nous passons le CAP poissonnerie/boucherie), c'est source de rigolade et ça rapproche.

Et je pense à mes copines de 4ème année qui sont arrivées pimpantes le soir (oui, elles se tapent pas les jeux, elles viennent que pour manger nos quiches et boire nos pintes ces ingrates), et à Matilde qui a eu ce regard plein de nostalgie quand elle m'a vue intégrée (comprendre avec une Cassandre sauvage collée à mes basques).
Je vous jure, j'ai eu l'impression de voir le regard bienveillant d'une maman qui vient récupérer son enfant heureux un premier jour d'école !

Oh et quand j'y repense, j'me suis sentie fondre de gêne+/-fierté+/-rire aigu à cause du punch quand les L2 sont venus me demander si "c'était toi omelette0patates". Au passage, en vrai je ressemble plus à une patate qu'à une omelette. Mais j'étais trop contente quand elles m'ont dit que ça les avait motivé (après, je n'ai plus qu'à me cacher dans les couloirs les jours de partiels où elles seront au bout de leur vie et auront envie de me dire POURQUOI J'AI FAIT CES ETUDES???)

Donc me voilà, en tant qu'étudiante entre 8h30 et 17h30, au taquet pour se former, et fière de faire partie de la sage-femmerie. Plus que 3 ans. A ce rythme là, je vais être en retraite l'année d'après mon diplôme !



mardi 1 août 2017

À toi, jeune accouchée

Se recentrer. C'est comme faire du yoga, méditer, manger bio et local. Un truc d'adulte, un truc qui fait que tu te sens vieux d'un coup. Je suis assise là sur la plage, en train d'avoir l'odeur de l'iode qui m'arrache les trous de nez, et de mater du papy portugais qui fait sa marche à pied matinale. Et je me recentre, je suis face à moi même et mes multiples personnalités qui vont de la Audrey grave à la Audrey mégalo qui se fait des films dans la tête en écoutant de la musique (Avouez vous avez tous imaginé une vie parfaite en écoutant de la musique).

Et je suis vachement détendue, malgré le sable qui me pique le fessier. J'étais où y'a 1 an ? En y réfléchissant bien, toujours avec le fessier qui pique, mais quelque part entre mon canapé et mon lit, avec sans doute un nouveau né au sein, plongée dans cette ambivalence du

"Il faut en profiter un maximum, Elle est toute petite, Elle sent bon et elle fait plein de petits bruits trop kikis (en vrai on l'avait surnommée le sanglier), elle va grandir trop vite, mon dieu je suis trop heureuse j'ai envie de la présenter au monde entier, je suis trop fière de moi de la nourrir avec mon petit corps gras, allez on fait une super équipe !!" 


et du

"Bon ça fait 9 mois que je peux pas me mouvoir correctement, et je peux même pas espérer m'assoir sans avoir l'impression que mon siège est fait de lames de verres, je peux même pas m'allonger sur le ventre sans créer une succursale de candia dans mes draps, s'il vous plaît j'aimerais juste dormir plus d'une heure à la suite, annulez les visites, donnez lui un biberon, je veux devenir un ours qui hiberne et non plus une vache insomniaque !"


J'ai pas eu le départ le plus facile dans la maternité, mais je suis loin d'avoir eu le départ le plus difficile. Certes y'avait cette pression de la reprise de l'école qui me pendait au nez corrélée à ce bébé qui me pendait au sein.

Mais je crois bien qu'on est de nombreuses jeunes mamans à se retrouver plongées dans la désillusion des moments ingrats à la naissance du nouveau né. C'est vrai qu'on idéalise tout quand ils sont dans le ventre, quand on fait leur petite chambre toute mignonne et qu'on fait et refait cette valise en guettant l'arrivée du travail.
On sait qu'on va se lever la nuit, on se dit ça se fait, sauf qu'on a pas une semaine d'insomnie sur fond d'accouchement sur fond de montée de lait !

Et on est des zombies primipares. Dopées au bonheur pour certaines, au bout de leur vie pour d'autres, avec des moments intenses qui vont former la maman qu'on va devenir. Va falloir la former cette maman. Elle est quelque part entre la petite fille et la femme qu'on est.

Alors là, en me recentrant, en me sentant femme et seule face à moi même, je rigole en me resituant il y a 1 an. J'ai envie de dire à toutes les jeunes accouchées qui galèrent:

Félicitations à toi. Je te promets, la fatigue ça va passer. Je te promets, ça te semblera peut être une éternité mais très vite tu vas retrouver du temps pour toi. Tu vas redevenir une femme, une femme avec ce truc en plus, ce truc que t'apporte la maternité, cette capacité à puiser toutes les forces du monde pour ce petit qui vient d'arriver mais qui va devenir le centre du tien. T'es peut être déchirée mais tu vas déchirer ! 

jeudi 8 juin 2017

Le stage en salles de naissances que j'aurais du faire 6 mois plus tôt

Vous la connaissez cette petite angoisse qui quand tout va bien s'immisce dans votre tête pour vous rappeler qu'il y a un truc pas réglé ? L'angoisse de la deadline ?

Genre "Oh que c'est agréable de regarder à la suite 10 épisodes d'une série sur Netflix, en pyjama-cheveux-gras ! Ha mais oui, j'ai des partiels à réviser moi... Tant pis, l'épisode s'est enclenché, on verra au prochain". Et là, tu regardes ton épisode, en te sentant observée par ton tas de cours qui te fait culpabiliser.

Ma deadline à moi, c'était le retour en stage en salles de naissances. Pour vous dire, j'avais fini mon stage en avril 2016, et je ne devais y retourner qu'en janvier voire mars 2017... Mais à partir d'avril 2016, régulièrement, l'idée d'y retourner me faisait flipper grave.

Pourtant, j'y suis retournée, de gré ou de force, Salle 1 pour mettre au monde ma fille. C'est un assez bel évènement pour se réconcilier avec ce terrain de stage non ? Mes tongs de femme en travail à terme qui se dandine entre les contractions ont foulé le même sol que mes crocs qui puent de stagiaire, sans pour autant en effacer les mauvais souvenirs.

J'ai su à la rentrée que j'y retournerai en janvier, et qu'en attendant, je n'aurais qu'à aller en période de cours. Quand les copines étaient en stage, je pouvais donc rester à la maison, en mode congé-maternité (sauf que quand ta gosse dort ni nuit ni jour, tes copines qui font des gardes de 12h en jour puis nuit sont au final plus reposées que toi, et quand on te dit "t'as de la chance de pouvoir rester à la maison" t'as envie de leur coller ton enfant de satan dans les bras).
Ainsi comme une andouille, au lieu de profiter de ces moments à la maison avec ma fille, j'étais prostrée avec mes yeux de panda sur mon calendrier qui me rappelait l'échéance du stage en salles de naissances. Ce calendrier où au lieu de voir tous les moments où je n'aurais pas de stage, je voyais seulement les 12 gardes qui s'annonçaient, dont la dernière serait 3 jours avant les partiels (oui, parce qu'on m'a collé mon stage au MEILLEUR moment de l'année, quand il fait froid, que la joie de Noël retombe genre les décors de Noël te rendent triste, et qu'il va falloir RÉVISER).

Et au 1er janvier, quand je me suis réveillée de mon réveillon de dingue (en vrai, je me suis couchée à 00H10 parce que j'en connaissais une qui allait pas attendre son biberon au delà de 7h), j'étais dans un autre état d'esprit. Le même état d'esprit que j'avais le matin même des épreuves importantes de ma vie: pour le bac, pour la paces (pas pour le permis, le permis je me faisais littéralement caca dessus, en même temps il m'a fallu 3 fois pour l'avoir), pour quand j'ai appris ma grossesse. 
L'état d'esprit du: FOUTU POUR FOUTU.

Toute façon, ma chère Audrey, t'as pas d'autre choix que de retourner là bas, parce qu'il faut que tu le valides ton stage. Tu vas pas rester en deuxième année toute ta vie. Et puis t'es moman maintenant, alors t'arrêtes de te plaindre, tu te remets en question, tu te sors les doigts du fondement et tu vas en stage (après avoir lavé les doigts que tu viens de te sortir du fondement par contre, merci).

Je crois que j'ai pris ma garde à 7H le 4 janvier. Franchement, j'étais pas déprimée, j'étais juste en mode le-stress-du-premier-jour-de-stage-putain-j'ai-oublié-le-code-du-vestiaire-j'espère-que-ça-va-pas-être-une-garde-trop-chargée-où-je-vais-gêner-la-sage-femme. D'ailleurs, j'espérais tomber sur une sage-femme sympa.

Coup de bol, je suis pas tombée sur une sage-femme sympa, mais sur une sage-femme incroyablement adorable qui m'a mise à l'aise, qui en ce premier jour ne m'a pas mis de pression, m'a laissé le temps de redécouvrir le service. Il s'avère que cette sage-femme était celle qui avait fait ma sortie à la maternité après mon accouchement, mais je l'ai pas clamé sur tous les toits en mode "BAH LA DAME QUI M'ENCADRE ELLE A VU LE DEDANS DE MA CULOTTEUH" (je sais que je ne fais jamais ni dans la pudeur ni dans la délicatesse, mais tout de même un peu de retenue jeune stagiaire).
Au final, elle m'a reconnue plus tard dans la journée. Et ça s'est su doucement parmi les sages-femmes qui étaient en garde que "Oh la petite étudiante c'est une jeune maman !".

Je ne savais pas comment j'allais me positionner par rapport à ce sujet avant d'aller en stage, parce que pour rappel, quand j'étais enceinte sur ce même terrain de stage je m'étais pris des réflexions du type "autant-arrêter-tes-études-tout-de-suite-la-pilule-ça-existe-tu-sais". Oui oui, si j'avais pas envie d'y retourner c'était pas par flemme (même si quand tu fais sage-femme, c'est pas que t'es flemmarde parce que se lever à 6h pour 12h debout à courir dans un service c'est musclé).
Et c'est venu naturellement. Elles ont su que j'étais maman, sans que j'ai à le préciser à chaque fois. Sans réflexion, avec des encouragements.

Doucement, au fil des jours, j'ai pris confiance en moi. Et je pense que j'ai pris de la maturité (même si je vous l'accorde mon humour beauf frôle toujours le 4 ans d'âge mental).
J'ai appris des choses évidentes mais qui sur le coup de stress du matin peuvent parfois passer à la trappe, comme par exemple se présenter en début de garde à toutes les sages-femmes, mais également les auxiliaires de puériculture... Elles en voient défiler des étudiantes, elles en voient défiler du boulet et rien que de leur dire bonjour ça nous déboulétise. Au lieu de paniquer en situation plus urgente, comme par exemple quand il faut la ventouse, j'ai très vite demandé à apprendre à la servir, tout comme apprendre à servir le matériel pour la suture, pour la césarienne.

J'ai appris des tas de choses, la base du métier en salles, chose que je n'avais pas pu bien faire lors de mon précédent stage, parce que
1)    C'était un stage d'observation (vous savez, le stage où tu dois observer dans la pièce mais que tu te mets toujours au mauvais endroit dans la pièce)
2)    Je n'avais absolument aucune notion d'obstétrique à ce moment là, l'allaitement on était calées, mais parler de crevasses à une femme qui va accoucher ça lui sape juste le moral d'avance
3)    Quand tu es enceinte de 28 semaines, ton bébé commence à peser sur les ligaments et tu as vraiment une endurance moindre
4)    Et surtout: j'étais centrée sur moi. Enceinte, j'avais pas cette capacité à faire la part des choses entre ce que j'étais en train de vivre, entre ma vie personnelle, et ma vie professionnelle. Je pense que pour être une bonne sage-femme, je dois être disponible pour mes patientes, pas que physiquement, mais aussi mentalement. Et ça, c'est impossible si en arrière pensée j'ai toujours des choses personnelles.

Bien sur, je ne suis pas une déesse de la sage-femmerie, j'ai quand même su être un gros boulet:

=>  TOP 3 DES BOULETTERIES DU RETOUR EN STAGE <=

3. J'avais pas fait de prise de sang depuis plus d'un an. J'ai du en faire une, dans la pénombre absolue. J'ai fait un bleu ENORME à une patiente.  Heureusement, son bébé venait de naître, sinon elle m'aurait baffé (et je l'aurais bien mérité) ("non mais oh t'es élève sage-femme ou élève bouchère ?")

2. J'étais juste INCAPABLE de mettre la casaque stérile (vous savez, la magnifique cape bleue qu'on met au moment de l'accouchement pour éviter les projectiles de type bébé-liquide amniotique-placenta-toute autre fluide ragoûtant). J'essayais de faire bonne figure, mais j'étais comme une poule avec un couteau, en plus, première garde, première heure de stage, j'étais dans l'optique du "FAUT MONTRER QUE JE SUIS PAS NULLE". Raté, c'est l'auxiliaire puéricultrice qui est venue à ma rescousse, me couronnant d'un "Je vois bien que t'as les deux pieds dans le même sabot".
Du même genre, en 12 gardes j'ai pas été foutue de mettre mes gants stériles vite et du premier coup, je pense qu'il y a une loi qui fait que ton temps pour mettre tes gants est inversement proportionnel au temps que tu as devant toi pour gérer l'urgence.

1.    Celle-là, c'est sans doute la honte de ma vie d'étudiante. Si c'était compréhensible pour le grand public (en gros si ça ne faisait pas rire que les gens qui bossent dans la santé), je pourrais m'en servir d'anecdote de la honte si je passais dans un jeu télé. 
À cette garde, quand je suis arrivée à 7h, il y avait une étudiante infirmière qui venait en observation, qui n'avait jamais vu d'accouchement, j'avais brièvement discuté avec elle pour la mettre à l'aise. Un accouchement est arrivé juste après, encore une ventouse, pas mal de monde dans la salle, j'aide comme je peux, la pression remonte et je vois cette étudiante infirmière qui masse l'utérus de la dame (ça paraît bizarre dit comme ça, mais non on masse juste le ventre, enfin masser c'est un grand mot, on appuie très fort sur le ventre pour que l'utérus parfois capricieux arrête de saigner)
Elle avait un geste assuré, et super efficace, donc toute enthousiaste je lui dis "DIS DONC TU MASSES VACHEMENT BIEN ! C'est ton premier ?"
Elle lève la tête et moi je me décompose. Tu m'étonnes qu'elle massait vachement bien. 
C'EST PARCE QUE C'ÉTAIT PAS L'ÉTUDIANTE INFIRMIÈRE MAIS LA MÉDECIN CHEF DE CLINIQUE. Que j'ai tutoyé. Et heureusement, elle a rigolé, parce que sinon, j'aurais été prendre des forceps pour creuser un trou et m'enterrer sous ma honte.

..> FIN DU TOP 3 <..



Donc en gros, devenir maman ne m'a pas empêché de faire des boulettes.
Devenir maman ça m'a permis de me sentir moins gauche dans les salles de naissances, moins impuissante face à la douleur de mes patientes, ça m'a permis de savoir un peu plus quand parler et quand toucher la patiente (en gros, pendant une contraction: ON SE LA FERME). Ca m'a permis de rire avec elles du shoot qu'est la péridurale, de comprendre certaines de leur réaction. Ca m'a valu de l'émotion quand je suis retournée dans la salle qui a vu naitre ma fille. Ca m'a fait me sentir plus inclue dans l'équipe.
Ca m'a donné certainement assez confiance en moi et assez de maturité pour savoir me remettre en question, de me dire que c'est LA journée où la patiente est vachement plus importante que mes ressentis intérieurs (même si vous inquiétez pas, à 16H30 sans avoir mangé depuis 6h du mat mon estomac est là pour me rappeler mon ressenti intérieur).

Mais ça, je pense que c'est un phénomène par lequel toute étudiante sage-femme passe pendant sa formation, il y a un moment où on murit, où au lieu d'accepter d'être le boulet du coin de la salle on se bouge et on fait tout pour valider comme il se doit son stage. Après, si je n'avais pas eu ma fille, j'ignore si j'aurais ressenti ce changement si tôt.

jeudi 1 juin 2017

Et puis j'suis passée en Ma3

Pour faire la transition entre la Ma2 (2015-2016) et la Ma3 (2016-2017):

J'avais donc largué mes copines en ce dernier jour des partiels de juin 2016 (et après un bon gros restaurant, qui aurait pu à lui tout seul me faire prendre mes 8 kilos de grossesse) en mode "Cia-Ciao les meufs, amusez vous bien en stage, pataugez dans le liquide amniotique et les placentas jusqu'à ce que je vous ramène les miens"

Et puis il s'est passé quoi cet été ? 
Oh, des broutilles, 
des allers-retours au lac pour faire la baleine à bosses, 
du shopping pour faire les soldes en permettant aux copines de passer en caisse prioritaire en te disant que toi tu ne peux rien t'acheter et c'est sûrement pas cet été que tu rentreras ton fessier et ton flamby de ventre post partum dans cet adorable combishort en 36, 
des résultats de partiels où t'apprends que ET MERTE tu as un rattrapages en néphrologie (les reins, le pipi toussa) pour 0,5 points, 
des kilomètres à pied pour jouer à Pokémon go en espérant chaque soir que j'accoucherai dans la nuit et chaque matin que j'accoucherai dans la journée, 
juste un petit accouchement posé au calme, des prémices d'allaitement sur fond de cicatrice et de milliers de visite, 
des tentatives de révisions de partiels avec un bébé en écharpe (mais tu sais pas de servir de l'écharpe il glisse) qui finit dans ton lit (mais il se met à beugler ton bébé il a peur dans ce grand lit) et qui finit dans son transat sous tes yeux (et il est tellement mignon ton bébé que tu le regardes lui plutôt que tes feuilles de cours).

Et puis voilà, fin août, fin de cet été tout ce qu'il y a de plus normal, après avoir été réveillée à 6h par une poupée toute pimpante, après m'être habillée et toute bien maquillée parce que oui-j'ai-pondu-un-bébé-il-y-a-3-semaines-mais-comme-j'en-ai-qu'un-j'ai-pas-d'excuse-pour-etre-dégueu-tachée-de-lait, j'ai pris la route de l'école de sages-femmes pour aller passer mon rattrapage.

Petit coté masochiste (en même temps, à partir du moment où tu te lances dans des études de santé tu es masochiste), j'étais toute contente d'y aller alors que c'était pour un partiel. Toute fière de montrer les photos à mes copines, toute légère de ne pas être essoufflée en montant les escaliers (juste avec mon périnée en carton), toute émue de raconter mon accouchement à mes profs (c'est bien un truc de sage-femme ça, je connais pas grand monde qui parle de sa durée de poussée tellement intense quie les veines ont pété sur son front à son prof de maths)...

J'ai passé et validé mon rattrapage. Et j'ai appris ce même jour que suite à mon stage que je n'ai pas fait en juin (en même temps, c'est dur de faire un stage en salles de naissances quand tu es aussi enceinte que tes patientes), j'allais devoir faire mon année en 2 ans (en gros, redoubler, on va pas tortiller des fesses pour ch*er droit, c'est une histoire d'égo, je serai diplômée 1 an plus tard)
2016-2017 sera l'année où j'apprendrai la théorie de L3 avec un stage de L2, 2017-2018 sera l'année où je ferai les stages de L3, ce qui signifie que je vais bientôt quitter ma promo d'amour de filles trop kiki qu'on se soutient et qu'elles font des cadeaux à mon gentil bébé qui leur a mis des coups pour leur porter chance avant leurs partiels (d'ailleurs, elles auraient pu m'en laisser de la chance, ça m'aurait peut être évité l'épisode rattrapages).

Après, ça s'est enchainé, tellement vite, tellement de choses que quand je regarde mon calendrier sur mon frigo (oui, on est vieux, on a un calendrier, des magnets et des photos de notre bébé sur notre frigo, on est vraiment passé du coté parents de la force), quand je vois l'enchaînement des cours des épreuves du stage avec 2 à 3 rendez-vous administratifs par semaine le tout sur fond de réveil toutes les 30 minutes la nuit pendant 7 mois, je me demande sincèrement comment j'ai survécu à toutes ces casquettes.

Mais pour ce qui est de la casquette d'étudiante sage-femme, bien que mes souvenirs soient très flous car le tout premier mois de cours s'est vu résumé par des allers-retours entre chez moi mon bébé mon tire-lait et l'école où je ne pensais qu'à cette petite chose gardée par ma meilleure amie ou son papa, s'est suivi d'une hospitalisation, puis d'un trou noir (non je suis pas allée dans l'espace, j'ai juste été débordée), je vais essayer de résumer la sage-femmerie de mon année.

Ma3: 3ème année de sage-femme, 2ème année d'école (en gros, la deuxième année où tu apprends des trucs vachement plus intéressants que la biochimie de PACES).

On nous avait prévenus que ce serait une année plus difficile que la Ma2, où nous apprenons surtout des matières coeur de métier. C'est très fourbe, dans le sens où comme moi tu peux avoir 14 de moyenne générale, mais si tu as une matière sous 10, tu dois la repasser. 
Donc on remerciera la sociologie que j'adore et que je défends dans mes éternels discours féministes où je dois expliquer aux gros beauf que "non, ce n'est pas parce qu'elle a une jupe courte qu'elle cherche à se faire violer, et non c'est pas parce que tu es un gros débile que tu cherches à te prendre un coup de pied au cul (quoique...)"

Par exemple, au premier semestre:
-    Obstétrique 
    (De la mécanique, oui, sage-femme c'est un peu un CAP mécano, il faut comprendre l'énorme trajet que ces petits chats doivent faire et comme la nature est bien faite mais aussi impressionnante, et le suivi de grossesse)
-    Gynécologie 
    (Le cancer du sein en long en large et en travers car nous sommes sur la ligne de front du dépistage, et une sombre histoire de leucorrhées et de kystes ovariens: le cours qui donne faim)
-    SSH 
    (ça vous rappelle des souvenirs les PACES heiiiiiin ? C'est beaucoup de psychologie de la famille pour comprendre approximativement le quart du bazar qui se passe dans la tête des patientes et du mini-patient. Il y a aussi de la sociologie, et chez nous, c'est très axé sur la place de la femme dans la société, ce qui me convient en tant que profonde féministe et qui fait que j'ai encore et toujours des arguments perchés pour sensibiliser au slut-shaming et tout le tralala)
-    Et d'autres trucs, dont je ne me souviens pas vraiment, à type de statistiques, d'anglais

Ensuite, au deuxième semestre:
Alors là, clairement j'ai honte parce que je suis en train d'écrire cet article en plein cours et que je vais présentement demander à Gné de me résumer les matières qu'on a ce semestre. (Oui, oui, j'ai toujours été très attentive en classe, oui oui j'ai fait S en arrêtant de bosser les maths en 5ème.)

Alors remercions Gné pour la liste des cours
-    Obstétrique (encore): 
    Cette fois ci la surveillance foetale, ce fameux monito que tu apprends à manier en stage (et tu tombes toujours sur le bébé qui tabasse le capteur et se met dans la position improbable où tu dois tenir le capteur en faisant une espèce de position digne d'un maître yoga)
-    Génétrique (mouahaha je possède l'humour)
    Ca parle de choses pas très joyeuses auxquelles on est confrontées, des maladies et syndromes qui te font parfois oublier après 2h de cours que oui, certains enfants vont bien. Typiquement le genre de cours qui m'auraient rendue parano quand j'avais ma fille dans le ventre (j'étais pas stressée, c'était plutôt une de mes amies qui me demandait à chaque écho de compter les doigts et les orteils, et qui s'est empressée de le faire à la maternité)
-    Pédiatrie
    Ha je l'avais oublié celui là, je serai à jamais une mère indigne qui laisse sa fille s'immuniser en mangeant les fleurs dans le jardin. C'est assez sympa comme cours, on apprend à faire l'examen clinique du nouveau-né, vous savez le petit moonwalk tout mignon qu'on leur fait faire à 2h de vie
-    Endocrinologie (juré c'est aussi chiant à écrire qu'à apprendre)
-    Et les trucs à la con, typiquement le C2i 
    Tous les étudiants qui me liront pousseront un cri genre OH OUAIS C'EST TROP CHIANT LE C2i. En plus, ils nous ont mis certains cours à 7h45 (le vendredi, quand certaines n'ont pas décuvé) les bougres, où l'on passe 2h devant un ordinateur à se servir au choix de Word ou d'un tableur excel. Ha, et sur notre CV on pourra mettre qu'on sait faire des putains d'engrenages qui bougent et tout sur PowerPoint.

L'école, en ces premiers mois de maman, c'était ma bouffée d'oxygène, où j'étais une fille quasi normale parmi les autres filles. Même si j'avais moins de 5h de sommeil dans les pattes et que j'avais envie de baffer celles qui disaient "Woooooah je suis trop fatigueyyyy" (oui, la privation de sommeil rend aigrie) j'étais contente d'y aller et de continuer à saouler mes fidèles voisines de classe avec mon humour légendaire.

Comme chante Gné à chacune de mes blagues "Toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus matuuuuure"

En même temps, jeune maman, t'es dans un état où tu sais plus trop qui tu es dit-elle la prof de psycho. Tu passes du statut de fille à mère, tu dois apprendre à t'affirmer en tant que tel et avoir confiance en toi et en ta relation avec ton bébé, tu dois ignorer les X critiques et leçons des gens, tu dois accepter ta nouvelle vie.

Et si en début d'année j'avais tendance à vachement m'identifier à ce qu'on m'enseignait en cours, à interpréter mon vécu rien que pour les cours sur les suites de couches immédiates, en comparant à ce que j'ai vécu en disant "Tu verras ça c'est comme ça et ça c'est comme ça", j'ai senti le changement majeur de cette année dans ma façon d'être tout simplement une femme au delà d'une sage-femme.

Une sage-femme intervenante nous a dit en cours quelque chose de très sage qui m'a permis d'avoir cette réflexion "Ce n'est pas parce qu'une sage-femme a eu une césarienne qu'elle ne comprend pas comment une femme accouche, ce n'est pas parce qu'une sage-femme n'a pas d'enfant qu'elle est moins bonne qu'une autre. On a toutes ressenties la douleur, la joie, la tristesse, à partir de là, on peut comprendre ce que ressent nos patientes"

Mon vécu n'est pas universel. Chaque grossesse, chaque accouchement, chaque allaitement (chaque caca explosif dans la couche), chaque bébé et chaque relation mère-enfant qui en découle est différente.

Je sais peut-être mieux me positionner dans la relation avec la patiente en stage, je retiens plus facilement le cours du suivi de grossesse parce que j'en sors (et encore, j'ai déjà oublié !), mais c'est pas sous prétexte que je l'ai vécu que c'est comme ça pour tout le monde.

Les mères, les femmes, ont la sale manie de se comparer entre elles, quand on rentre dans la maternité, on rentre dans une espèce de secte (oui la secte des gens qui ont des photos de leur bébé sur le frigo) où des sujets de discussions graves sont posés sur la table. L'attachement à son bébé, l'impuissance face aux pleurs, les différentes douleurs... 
Mais voilà, on est pas toutes égales face à ces sujets, et certaines semblent l'avoir oublié, semblent avoir oublié la notion que chacun a son propre vécu. 
Alors si être dans la secte des mères est quelque chose de privilégié, si avoir eu la chance de connaitre la puissance de la naissance est formidable, il faut se tirer les unes et les autres vers le haut au lieu de se comparer et de se descendre.

Le fait d'avoir compris ceci est le plus bel enseignement de toute cette année de Ma3.

mardi 30 mai 2017

Si ça peut expliquer pourquoi j'ai (un peu) été débordée

J'ai très sincèrement la sensation d'être passée sous un camion, puis prise dans une tornade qui m'a déposée dans un lac gelé où j'ai galèré à rejoindre la rive où des crocodiles m'attendaient, et quand j'ai enfin retrouvé mon chemin, j'ai marché sur un râteau comme dans les dessins animés du dimanche matin:

Quoi ? Moi exagérer ?
C'est connu que les premiers pas dans la maternité sont un ouragan. Un ouragan dans ton utérus, dans ton périnée, dans ton couple, et surtout dans ta tête... Enfin, moi c'était surtout dans ma tête (et dieu sait que ça tourne pas rond là dedans de base) (et bien sûr, ça ne s'applique qu'à ma tête, parce que chacun vit sa façon d'être môman différemment même si je pense qu'au bout du 6ème réveil nocturne on est toutes égales face à l'envie de se jeter par la fenêtre)

Au bout de 9 mois de grossesse, dans toute ta grosseur et ta candeur, en préparant le petit berceau et te pliant en deux pour faire la valise entre deux allers-retours pour faire ton pipi tous les quart d'heure, tu as acquis une capacité à filtrer ce qu'on te dit, surtout ne pas écouter le négatif, les aigries qui te disent "Adieu la liberté !" "Profites-en pour dormir" "Tu verras c'est trop dur les dents !" (Ginette, t'es bien brave, l'humain que j'ai dans le ventre vient à peine d'avoir des ongles pour me griffer, alors laisse lui le temps de me mordre).

"Alors oui, c'est bien connu, un bébé ça pleure, pas besoin d'avoir un doctorat en bébé-terie. Mais bon, après tout, quand ils ont tété et la couche propre, ils se rendorment tout de suite les nouveaux-nés !" Tu comprendras que t'avais tort, à ta 4ème nuit de maman, quand tu te retrouveras coincée entre 2h et 6h du matin avec un nourrisson qui a la couche propre, l'estomac plein, mais qui est en pleine forme en train de gesticuler et de te menacer d'hurler si tu daignes t'endormir (je pense sincèrement que les nouvelles voitures qui détectent quand le conducteur s'endort sont inspirées du fonctionnement des bébés humains).

Comment décrire les premiers jours en tant que maman ? La sensation d'un lendemain de cuite sans alcool, où la fierté d'avoir mis ce petit truc au monde te sert de caféine pour assumer les visites. Même si t'as souvent envie de les dégager ces visites, parce que pour une fois, ton petit humain dort contrairement à la nuit précédente, et qu'ils osent te dire "Vous avez de la chance, votre bébé et si calme et paisible"
Pas de soucis, cette nuit je t'envoie ma dose de paisibilité en te maintenant réveillé sans raison ! Tu verras c'est super chouette, pour t'occuper tu regarderas des séries, tu pourras prendre des actions chez Netflix.

Et puis comme on dit, c'est provisoire. Les bébés font leurs nuits entre 2 et 4 mois en moyenne paraît-il. Et puis toi t'es vachement optimiste, tu te dis que ton amour de bébé il sera sympa, déjà tu passes un partiel quand il a 3 semaines (et que tu marches toujours pas droit, alors va tenir assise sur une chaise d'examen toi), il aura au moins la gentillesse de faire ses nuits en septembre quand tu reprendras les cours pour de bon.

La vie te rattrape. T'as vécu un moment hors du temps, sans baby-blues, certes encore plus zombie que le zombie le plus plein de vers de Walking Dead. Mais tu tiens le coup. Ton bébé commence à tousser, d'abord toutes les 2h, puis toutes les heures. Chez le médecin, c'est pas grave, c'est qu'un petit virus, lavez lui le nez. Tu reprends les cours, tu as cette sensation de vibration dans ton ventre, ce lien encore si intense avec ton tout petit que tu allaites, qui a à peine un mois et que tu dois laisser au choix à son papa ou à ta meilleure amie, car trop petite pour la crèche. Vous courez entre l'école, la faculté, l'appartement. Tu te la joues vache Milka avec ton tire-lait qui déclenche des rires de dégoût à tes copines, en même temps, t'as vu ta dégaine ? Mais faut lui donner des anticorps à ce bébé, il tousse ce bébé. Tu retournes chez le médecin, c'est toujours une virose, faut toujours lui laver le nez. Le bébé tousse pendant plusieurs longues secondes, il tousse comme ça plusieurs fois par heures, jour et nuit. Tu es pris dans un rythme assez fou, ton bébé a presque 2 mois, dont 1 mois où il ne fait que tousser. Et paf, ça retombe.

Tu retombes du plus gros nuage de toute ta vie, toutes tes chutes d'avant (oui, même quand tu t'es cassée Le Bras en faisant l'indien sur la balançoire) (oui, même quand t'as fait la piste rouge verglacée au ski en pensant que c'était une piste bleue) sont du pipi de chat à coté de celle là.

"Les filles, j'ai peur, j'ai peur de pas y arriver avec elle, je suis fatiguée, c'est vraiment dur". C'est plus la même fatigue qu'avant, mais ça, tu vas le comprendre beaucoup plus tard.

Tu vas en avoir marre, et après avoir vu ton bébé tousser pour la énième fois, après avoir arrêté de croire que c'était une virose, après avoir vidé des litres de sérum physiologique dans ses narines, tu vas aux urgences. La coqueluche. 2 semaines de réanimation pour ton tout petit. Les allers-retours entre l'école, la chambre d'hôpital, ton appartement. Tirer ton lait toutes les 3h jour et nuit pour l'aider à guérir plus vite, pour qu'à ton échelle tu puisses lui donner de l'amour et des anticorps dans sa sonde. 
Devenir influençable, découvrir que les mots des autres te touchent plus que tout, et voir le négatif l'emporter sur le positif. Supprimer instagram d'un coup, parce que "quelle mère ose exposer la vie de son enfant comme ça". Voir les regards condescendants des infirmières en pédiatrie quand tu rentres à 22h au lieu de dormir sur la chaise vers ton bébé, car elles ne savent pas que quand tu n'es pas sur place, c'est parce que tu es étudiante avec une présence obligatoire en cours.
Ton bébé rentrera presque 3 semaines après à la maison. Tu as eu tellement peur pour lui. Et suite à ça, ton bébé sera plus fragile que les autres, il faudra le protéger des microbes. Aussi, il va continuer à tousser ton bébé, même si le germe n'est plus là, ses bronches sont fragilisées. Tu vas vivre dans un espèce de brouillard, avec une chaine au pied. Le brouillard, c'est cette fatigue permanente, qu'on ne comprend pas dans ton entourage, après tout, t'es pas la première ni la dernière dont le bébé ne fait pas ses nuits. La chaine au pied, c'est les responsabilités dues à l'école, c'est la culpabilisation parce que tu n'as plus la force d'allaiter, c'est la honte parce que tu n'es pas la mère que t'avais imaginée être, parce que tu n'es pas heureuse et épanouie, c'est l'angoisse au ventre de la voir malade à nouveau. Tu redouteras d'autant plus le regard des autres mamans, parce que les autres mamans, elles disent toutes qu'elles aiment leur bébé plus que tout sans conditions, parce que leur vie a repris un sens quand il est arrivé, parce qu'elles se révèlent dans la maternité. Et toi, c'est tout le contraire. Mais tu mettras ça sur le dos de la fatigue.

Tu vas enchaîner, les cours, les papiers, la nounou, un stage, 2 gastros, des partiels. Des journées que tu appréhendes seule avec ton tout-petit parce que tu sais qu'il n'y aura pas de pause, parce que ce petit que tout le monde décrit comme "calme et adorable" ne dort pas la journée, et encore moins la nuit, mais ça, les autres ne sont pas là la nuit pour le voir. Tu vas être terrorisée des repas de famille, de la foule, des gens qui s'approchent avec leurs mains de ton bébé, parce qu'il faut le protéger des microbes, parce que s'il est encore malade, il dormira encore moins cette nuit. Parce qu'il va te réveiller toutes les demi-heures toutes les nuits pendant 7 mois. Pas étonnant que tu sois fatiguée non ?

Et un jour, sans expliquer pourquoi, en cours d'anglais, le brouillard se lève d'un coup. Tu te sens légère, soulagée. Tu trouves ton chéri magnifique, tu ne l'avais pas regardé avec tant d'amour depuis si longtemps bien que ça aille très bien entre vous... Et ton bébé, il a changé ton bébé !
Ton bébé qui avait des fous-rires qu'avec son papa commence à en avoir avec toi. D'ailleurs, ton bébé a l'air plus heureux. Tu le trouves si drôle, si beau, si merveilleux. Ton bébé continue à tousser, mais ça le réveille de moins en moins la nuit. Au bout de 7 mois, ton bébé fait enfin ses nuits. Tu n'as plus de raison d'être fatiguée, mais tu as quelque chose d'autre à évacuer. Ton ostéopathe va te lâcher le mot.

"Dépression post-partum"
En lisant les symptômes dans ton guide de la sage-femme, ça va te paraître évident. À ton entourage aussi, ça va être évident. Mais bon, il y avait de quoi accuser la fatigue vu les bagages que tu traines.
Tu connaissais ce truc, tu avais lu des tas de témoignages, tu entourais sans juger ces mamans qui sont passées par là. Et t'as pas été fichue d'admettre que oui, t'étais en plein dedans. Tu vas en parler, et tu vas peu à peu scier les chaînes à tes pieds. Au revoir la peur des microbes, depuis que tu n'y fais plus attention, ton bébé n'est plus tombé malade. Au revoir la culpabilisation, parce que ça y est, tu l'as cet amour transcendant, qui t'en fait trembler quand tu te penches au dessus du lit de ton bébé. Au revoir, la peur du regard des autres, que ce soit par rapport aux mamans de la vraie vie, par rapport aux gens de la vraie vie, voire par rapport à l'image qu'on peut avoir de moi en vrai

Au revoir la dépression post-partum, tu m'auras, toi et ton acolyte la coqueluche, bouffé des mois de bonheur avec mon tout-petit.
Mais tu m'auras appris plus que jamais à ne pas juger les autres mamans, et à assumer qui je suis.

La maman que j'ai imaginé, avec le bébé encore plus drôle que j'avais imaginé.